Histoire du Canada by de Montplaisir Daniel

Histoire du Canada by de Montplaisir Daniel

Auteur:de Montplaisir Daniel [Daniel, de Montplaisir]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782262080372
Éditeur: Perrin
Publié: 2019-09-17T14:13:15+00:00


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Où l’on reparle de grandes réformes

La plus grande de toutes les réformes consisterait bien sûr dans l’indépendance du Canada. Pour prématurée que puisse paraître l’idée, elle n’était pas absente des réflexions menées à Londres un peu avant 1830. Trois éléments principaux y concouraient : l’alliance avec la France, la montée du séparatisme en Amérique latine et l’évolution des rapports avec les États-Unis.

Après la première chute de Napoléon, les deux grands « ennemis héréditaires » du Vieux Monde conclurent une alliance qui allait durer jusqu’à nos jours. L’épisode vite refermé des Cent-Jours, le congrès de Vienne et le second traité de Paris, du 20 novembre 1815, engagèrent l’Angleterre et la France à voguer désormais de conserve. Lorsque, le 20 octobre 1827, dans la baie de Navarin (aujourd’hui Pylos, au sud-ouest du Péloponnèse), une flotte franco-britannique défit une escadre turque afin de venir au secours des patriotes grecs, la presse canadienne rendit un large écho de cette grande première : une opération navale combinée entre les deux royaumes, ce que l’on n’avait pas vu depuis les croisades. L’Angleterre de George IV ne regardant plus la France comme une menace, en quelque lieu du monde que ce fût, ressentait moins l’exigence d’une présence impériale au Canada. Elle pouvait envisager des aménagements de son statut comme y incitaient le soulèvement des colonies espagnoles d’Amérique – qui avait débuté en 1806 – et l’évolution récente des rapports avec les États-Unis.

L’aide anglaise à la rébellion des colons espagnols s’opérait ouvertement depuis 1822 sous l’impulsion de George Canning, ministre des Affaires étrangères. Celui-ci s’était aussi rapproché des États-Unis au moment de l’édiction de la « doctrine Monroe » : provoqué par une tentative russe de s’étendre au sud de l’Alaska en 1821, un message du président James Monroe adressé au Congrès, le 2 décembre 1823, interdisait dorénavant aux puissances européennes toute entreprise coloniale, ou assimilable, sur le territoire « des Amériques ». En contrepartie, les États-Unis ne s’immisceraient pas dans les affaires européennes. L’Angleterre approuvait pleinement cette approche. Dix ans après la fin de la guerre anglo-américaine, le climat entre l’ancienne colonie et son ancienne métropole n’était plus seulement à la détente et à l’expansion commerciale, mais à la formation d’une solide alliance, que plus rien ne remettrait fondamentalement en cause jusqu’à nos jours.

Dans ce contexte international sensiblement transformé, qu’allait-on faire du Canada ? Ses élites, comme celles du reste de l’Amérique, lisaient alors avec beaucoup d’intérêt un livre paru en 1802 et demeuré confidentiel jusqu’à ce que l’actualité vînt l’éclairer : Les Trois ges des colonies, de l’abbé Dominique de Pradt. L’auteur, brillant esprit qui avait été député à l’Assemblée constituante de 1789 puis aumônier du Premier Consul, y exposait que la période de trois siècles suivant la conquête de l’Amérique était en train de s’achever et que, partout, quels que fussent le régime politique et administratif, l’organisation sociale, la coexistence entre les races, enfin l’état d’esprit des populations des différents territoires, le continent, parvenu à maturité, ne manquerait pas de s’émanciper dans les toutes prochaines décennies.



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